L'enseignant, un être de relation…
L'élève est d'abord un enfant, un adolescent...
L'adulte est un modèle identificatoire pour les plus jeunes...
On transmet d'abord ce que l'on est...
On a tous besoin d'être reconnu comme sujet singulier,
important et apportant pour la collectivité, pour développer
un sentiment d'appartenance.
Aucune technologie, aussi performante soit-elle, ne remplacera
le besoin de relations humaines directes.
Comment ces évidences, qui relèvent du bon sens, ont-elles pu devenir tabou ?
Pourquoi les adultes, les adolescents, les enfants ne considèrent-ils pas, à priori, les personnes les entourant dans l'espace scolaire comme capables de les comprendre, les aider, les soutenir dans leurs projets ?
Peut-on accepter que des enseignants, des parents, des élèves sortent brisés ou honteux de l'école ?
Pourquoi tant d'enseignants se disent-ils non concernés ou incompétents concernant la question
des relations humaines dans l’exercice de leur métier ?
Comment expliquer le désengagement des jeunes pour le métier d'enseignant, les dépressions et même les démissions de plus en plus nombreuses chez des étudiants en master MEEF et chez des enseignants ?
Je ne connais pas beaucoup d’autres métiers aussi fatiguant que celui de prof...
Un beau métier mais qui va te chercher dans tes entrailles, te sollicitant corps et âme pendant le temps du cours – hier, 4h d’affilé, 4h pendant lesquelles je suis sans temps mort, sans arrêt, sans pause.
Celles et ceux qui ne savent pas ce que c’est que de maintenir un groupe de 30 personnes en activité cérébrale permanente (sinon intense) pendant plusieurs heures dans une salle fermée et confinées, - a fortiori si ce sont des enfants ou des jeunes, ne peuvent imaginer l’énergie physique et psychique que cela suppose de la part de l’enseignant-e.
VMT
Instaurer des relations de qualité apaisées et éducatives, est une compétence professionnelle constitutive du métier d'enseignant.
Elle repose sur les aptitudes personnelles de chaque enseignant et s’acquiert avec l'expérience. Mais l'expérience, heureuse ou malheureuse, n'est formative que si elle ose se dire, se partager. Elle a besoin d'être accompagnée d'une réflexion, d'outils conceptuels, permettant de la mettre à distance, de la comprendre, de la transformer.
Donc, de fait l'objet de formation...
Or...
Pas ou peu de formation à la relation dans les masters “métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation”.
Pas ou peu d'offres d'une véritable analyse de la pratique conduite par des animateurs formés à la relation.
La diabolisation des approches cliniques ou psychanalytiques, par ceux et celles qui ne les ont pas étudiées, continuent de priver les enseignants d'un précieux soutien. Pourtant, en catimini mais sans relâche depuis plus d'un demi siècle, des spécialistes formés à ces méthodes apportent un véritable soutien aux enseignants confrontés à la résistance, voire l'agressivité, d'élèves, de parents ou de collègues en souffrance.
“Toute une série d’enfants, nous dit Jacques Lévine, viennent en classe avec ce que Bion appelle des « éléments bêta » (agressions non métabolisées, insupportable non transformé en supportable, vie familiale et intérieure faite de trop de vécus de cassures), si bien que les enseignants, au lieu d’être seulement face à des problèmes d’apprentissage et de socialisation, sont obligés de se poser la question de l’apport de la psychanalyse à la pédagogie. Les maîtres peuvent-ils s’en tirer seuls ? Même lorsque l’élève est adressé au CMPP ou au Réseau d’aide, le professeur continue, en classe, d’être confronté à des conduites dérangeantes… On ne peut pas dire à un enseignant, dont la vocation est de faire comprendre, qu’il n’a pas le droit de comprendre.”
Et quand on ne comprend pas ce qui se joue dans la relation à l'autre, quand on n'a pas conscience du lien entre sa propre attitude et le comportement de l'autre, l'élève insolent, du parent en colère ou du collègue épuisé, quand la peur du débordement émotionnel (le sien ou celui du groupe) nous empêche de penser la place de l'affectivité au sein du groupe classe… Le risque d'ostracisme nous guette et le processus agressions/menaces/violences s'enclenche.
Agence : Armania
Nous postulons que la prise en compte des facteurs humains, au sein de la classe et des équipes pédagogiques ou dans le cadre des relations avec les familles et avec la hiérarchie, est déterminante dans la construction d'une identité professionnelle attractive pour les enseignants, dans le développement de compétences socialement reconnues et la réduction des inégalités scolaires.
Être enseignant nécessite d'accueillir des trajectoires de vie et des projets parfois bien éloignés des nôtres, de questionner la diversité des rapports sociaux et des rapports aux
savoirs et de les rendre compatibles entre eux.
JAO
"On peut apprendre par amour et on peut apprendre aussi par identification, sachons, sans entrer dans les détails, que lorsque cela se passe bien, le transfert va déboucher sur une identification de l'élève à la personne du maître. Apprendre pour "être comme", apprendre pour "devenir comme" : nous qui sommes ici, nous sommes nécessairement le produit d'identifications positives à un certain nombre d'enseignants, à un certain nombre de maîtres qui nous ont transmis leur passion pour un certain nombre d'objets de la culture : sans cela, nous ne serions pas là !
On évoque souvent cette identification de l'élève au maître sans toutefois en percevoir la complexité psychique, et mes propres travaux sur la question m'amènent à penser que cette identification de l'élève au maître n'est rendue possible que par une identification récurrente et préalable du maître à l'élève. Ainsi, la restitution complète de la complexité de la dynamique identificatoire dans le champ de l'éducation et de la formation suppose de prendre en compte le jeu de ces identifications croisées : c'est-à-dire qu'un enfant ne peut pas s'identifier à un adulte si cet adulte ne peut pas s'identifier à cet enfant !
En d'autres termes, si l'enfant que j'ai à éduquer est trop loin de moi, trop loin de ce que j'ai été comme enfant, si moi-même en tant qu'adulte et éducateur je suis radicalement coupé de mon enfance, il n'y a pas de doute que je ne fournis pas à cet enfant, à cet élève, les conditions pour qu'il grandisse psychiquement, c'est-à-dire pour qu'il s'identifie d'abord à ma personne et ensuite à l'objet que j'ai à lui transmettre. A l'heure actuelle le jeu de cette identification croisée pose beaucoup de problèmes. Je travaille sur la question de la violence dans les collèges, notamment dans les collèges urbains et de banlieue. L'analyse de ce qui se passe dans un certain nombre de rapports agressifs m'amène à penser que ce qui caractérise la situation actuelle provient de la distance extrême entre les membres du corps enseignant et leurs élèves en tant qu'ils sont adolescents dans la société d'aujourd'hui. Maîtres et élèves, dans de très nombreux lieux, appartiennent à des univers culturels différents, à des mondes idéologiques différents, et naturellement, à deux mondes économiques différents : ainsi, tout se passe comme si ils ne pouvaient pas s'identifier les uns aux autres.
Un enseignant me disait un jour - c'était du défoulement, car on se défoule beaucoup dans les salles des professeurs - en parlant de ses élèves : « Ils sont pires que des bêtes… ils sont pires que des bêtes ! » A ce moment là, je pensais : « Mais comment peux-tu t'identifier à eux, s'ils sont pires que des bêtes ? » Vous pouvez alors constater que l'on se trouve dans une logique de déshumanisation, de "récusation de l'humanité de l'autre", c'est-à-dire de ce en quoi il est semblable à moi. Il y a nécessairement dans cette logique, un "enrayement" de la dynamique identificatoire, et en conséquence, il n'est plus possible de faire de l'éducation, de faire de la pédagogie, on fait tout au plus du maintien de l'ordre, on se surveille les uns, les autres. Au sein de ce type de rapport, il n'y a pas de transaction éducative possible."
Extrait de l'intervention
de Dominique GINET "Pour mettre enfin l'affect à sa place !"
Pour lire l'intégralité de l'article, cliquer sur le bouton de téléchargement ci-dessus "L'affect à sa place"
Entretenir des relations apaisées avec ses élèves, ses collègues, les parents...
Mieux gérer son énergie physique et psychique...
Accéder à l'intelligibilité des situations professionnelles qui nous posent problème...
Ça s'apprend !
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L'école dont je rêve...
"L'établissement serait ouvert sur le quartier. Ce serait un lieu de travail et un lieu de vie où enseignants et élèves auraient plaisir à se réunir, à étudier et à partager des activités de nature différente."
Teglath Phalasar, 26 ans