La réussite est entendue, ici et dans toute la démarche de Désirs d'école, non en tant que performance scolaire mais en terme de développement affectif, social, intellectuel et physique.
L'objectif, lorsqu'un élève arrive à l'école en étant très éloigné des attendus de celle-ci,n'est pas qu'il comble au plus vite cet écart.
L'objectif, c'est qu'il entretienne, découvre parfois, le désir d'apprendre.
Ce sera la cas si les savoirs acquis lui permettent de mieux comprendre le monde dans lequel il vit, de mieux se comprendre lui-même, de mieux comprendre les
relations qu'il entretient avec les autres et s'ils lui donnent du pouvoir sur son environnement.
Il peut avoir de faibles résultats mais progresser de façon satisfaisante et éprouver du plaisir fournir des efforts, à apprendre et à travailler avec les autres.
Comparer les résultats des élèves les plus en difficulté à ceux des élèves les plus adaptés, et faire de la réduction de leur écart une priorité, relève de
la maltraitance institutionnelle.
J'ai longtemps travaillé avec des élèves en difficulté...
J'ai longtemps cherché les grilles d'observation et les outils de diagnostic qui me permettraient de bien cerner leurs besoins et d'y répondre de la façon la plus ciblée possible...
Plus j'avançais dans cette expertise, plus j'en mesurais les limites. Bien sûr je répondais à des difficultés bien identifiées et j'obtenais des résultats encourageants de la part des élèves, du moins dans le champ étroit de la compétence visée. Mais il y avait rarement transfert de ces compétences dans des tâches complexes et les élèves ne se saisissaient pas de ces connaissances nouvellement acquises pour aller au-delà du projet que j'avais pour eux...
Alors, un jour j'ai choisi de changer de perspective. Plutôt que de me centrer sur les lacunes, les faiblesses des élèves qui ne progressaient pas ou peu, et d'agir pour les réduire, j'ai décidé de m’intéresser à leurs ressources et au contexte dans lequel ils pourraient les mobiliser avec succès.
Pourquoi, dans une même classe, des élèves se sentaient-ils à leur place et en phase avec le groupe alors que d'autres se marginalisaient ou résistaient ? Était-ce forcément une question
de capacités ?
Je me suis tournée du côté des élèves qui réussissaient si bien à l'école. Ceux qui profitent quotidiennement des enseignements pour se construire une identité cognitive et
sociale de plus en plus affirmée. Qu'avaient-ils à nous apprendre sur ce qui permet la réussite scolaire ?
C'est en les observant dans l'exercice quotidien de leur métier d'élève, en dialoguant avec eux que j'ai élaboré "Les 5 pôles de la réussite".
Les éclairages théoriques apportés par Philippe Meirieu et Jacques Lévine ont étayé leurs fondements.
JAO
A la maison comme à l'école, quand le contexte éducatif est favorable, l'enfant est tranquille, curieux, actif.
Plus le contexte familial est défavorisé, plus la qualité du contexte scolaire est déterminante dans la réussite des élèves.
Je n'ai rien découvert de bien nouveau, et les 5 pôles de la réussite que j'ai formalisés au cours de cette recherche ne sont, in fine, qu'une énième schématisation des apports du socioconstructivisme, de la psychanalyse et la psychologie clinique et cognitiviste.
Cette schématisation a toutefois eu le mérite de mettre en évidence les facteurs en jeu dans la réussite scolaire et de m'obliger à interroger la logique de l'élève avant de chercher à
le mettre en conformité...
Elle m'a ainsi permis de comprendre comment, dans une grande majorité des situations, la difficulté rencontrée par certains élèves était d'abord liée :
Pour aider durablement les élèves, il me fallait prendre le temps de l'observation, de l'écoute et du questionnement. Accepter d'être "celle qui ne savait pas" et devait systématiquement
explorer "les 5 pôles de la réussite" afin d'accéder à la logique de l'élève.
JAO
J'ai partagé cet outil, dans la cadre de la formation initiale et continue, avec de nombreux et nombreuses collègues et leurs retours m'ont confortée dans l'idée que cette approche, bien que complexe et d'appropriation longue et exigeante, pouvait participer à réduction des inégalités scolaires.
Je compte sur leurs témoignages et sur leurs analyses pour poursuivre cette réflexion...
L'école dont je rêve...
" On apprendrait à reconnaitre les plantes dangereuses et celles qui ne le sont pas."
Stella, 8 ans